redelberg patrick Admin
Messages : 269 Points : 9748 Date d'inscription : 10/11/2011
| Sujet: 11) Flaubert, mon contemporain Sam 14 Jan - 11:20 | |
| « Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j'ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre. C'est la haine qu'on porte au Bédouin, à l'Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. » Lettre de Flaubert à Georges Sand 12 juin 1867 (Correspondance, éd. de la Pléiade tome 5, pp. 653-654) Admirable lettre de Gustave Flaubert!... écrite en 1867..c'est-à-dire, ce matin... Etonnant, surtout, de voir comment les grands textes littéraires, comment les points de vue des écrivains, les plus radicaux et les plus libres, restent...éternellement contemporains!.. .L'humanité, certes, les aide...en ne connaissant, d'un point de vue moral, aucun "progrès"...en se complaisant dans sa bassesse, en en jouissant...en la chérissant...comme une truie, sa bauge... Virgile, Montaigne, La Bruyère, Saint-Simon, Rousseau, Chateaubriand, Kafka, Proust, Céline sont nos contemporains exacts...un peu en avance, même parfois...Ils ont tout vu, tout observé, tout diagnostiqué...la médiocrité morale, la haine, le besoin viscéral de nuire, animent les petits esprits d'aujourd'hui, exactement comme ceux d' hier...comme hier, ils nous cernent...à nous de ne pas leur céder....même si, comme aujourd'hui, je les sens plus pressants, plus vils.., plus quotidiens, plus "humains"....plus abjects donc... Kafka:" Quand une fois on a accueilli le Mal en soi, il ne demande plus qu'on lui fasse confiance." | |
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