I) Un paysage champêtre mais menaçant :-Le choix de la saison (l’automne) rappelle la mort, la tristesse (les feuilles qui tombent).
-Plusieurs thermes qualifient ce paysage dans cette première strophe : Nous sommes dans un pré où se trouvent des fleurs, des vaches. Cependant, les fleurs sont veineuses ; des colchiques et le terme « lentement s’empoisonnent » apparait deux fois dans la première strophe.
-Ce paysage, calme et triste est rompu par l’intervention « fracassante » des enfants qui apportent de la joie et de la vie au poème. Le passage est symbolisé ici (thème récurrent chez Apollinaire.
-Le poète joue sur la sonorité des mots (allitération en «k ») en opposition avec des termes comme « lentement » , « lilas » , « fleuris » , « fleurs », « doucement » , « lente » , « automne »
La 3eme strophe, reprend un rythme plus lent mais les connotations sont celles de la MORT (« abandonnent pour toujours »).
-Opposition entre le premier vers et le dernier vers du poème : « joli » et « mal fleuri ».
-La couleur violette est très présente dans ce poème : colchiques, cernes, lilas, violâtre
II) Des comparaisons originales. -L’auteur se compare à une vache qui s’empoisonne en mangeant des colchiques ; ces colchiques représentent les yeux de la femme qu’il a aimé : « Le colchique couleur de cernes et de lilas / y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là/Violâtre comme leur cerne et comme cet automne/ Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne. »
-Le cri de souffrance du poète est donc représenté par un meuglement.
-L'action est en train de se produire (le présent est employé)
-Champ lexical des yeux : yeux, paupières, cernes.
-La comparaison à la vache est peu flatteuse, il fait donc de l’humour dans son désespoir ; c’est une sorte d’autodérision.
-Les colchiques représentent la femme aimée mais celle-ci est fatale car son regard est mortel.
-A la fin du poème, dans la dernière strophe, le poète se retrouve seul dans le pré. Le pré qui est grand car les vaches sont mortes.
-« Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne» le poète fait ici une gradation ; il parle en premier des vaches et des colchiques puis des yeux de la femme et de lui-même. Ce vers étant mis en fin de strophe est donc mis en relief.
-Le gardien du troupeau fait penser à Orphée : « le gardien du troupeau chante tout doucement » Orphée est un mythe grec qui avait le pouvoir d’ensorceler les animaux grâce à sa lyre : « tandis que lentes et meuglant … l’automne. ». Mais c'est aussi Apollinaire qui chante sa tristesse dans ce poème.
-Registre élégiaque, lyrique.
Hoqueton : veste en grosse toile.CCL : Ce poème est intéressant car il rompt avec les conventions habituelles en parlant d’un amour malheureux à travers une scène très ordinaire : un pré, des vaches … La femme aimée n’est pas comparée à une rose (comme on voit chez Ronsard « Comme on voit sur la branche.. ») mais à une plante vénéneuse (colchique). Il fait penser aussi au poème "Mai" pour les thèmes. On a donc l’expression d’un amour fou qui accepte d’aller jusqu’à la mort.
Ecole de Boucher, Orphée charmant les animaux, XVIIIe siècle