Dans la rubrique roman, j'ai publié un article sur Libération de Sandor Marai.
Or, ce roman m'a donné quelques clés importantes pour comprendre les réactions du peuple hongrois face à son actualité politique.
Face au changement de constitution et au tournant autoritaire que prend le gouvernement hongrois, le peuple me semble relativement passif. Entendons nous bien. Il s'agit là d'un point de vue très subjectif.
Je dis passif car il y a eu, depuis décembre, deux manifestations pour protester contre cette nouvelle constitution, et une troisième est prévue en mars. Aucune grève n'est pour le moment organisée, et les personnes avec qui j'en ai discuté semblent presque résignées.
"Si l'UE ne fait rien, nous ne pourront pas changer la situation".
Je comprend cette réaction de deux façons différentes.
D'une part, il existe avec la France une différence culturelle due à une Histoire très opposée. Depuis la Révolution, l'Histoire de France est marquée par des révoltes populaires, des canuts lyonnais à mai 68, en passant par les révoltes des mineurs. En revanche, et on peut parfaitement le ressentir dans le roman de Sandor Marai, le peuple Hongrois a toujours, ou presque, été libéré par l'envahisseur. Et lorsque les troupes soviétiques ont quitté le pays, ce fut pour cause de Perestroïka, menée alors par Gorbatchev. Le peuple hongrois n'a pas conquit activement sa liberté. C'est donc compréhensible de les sentir aujourd'hui hésitants face à la possibilité de se révolter contre le pouvoir en place.
D'autre part, être libéré par l'envahisseur signifie une autre chose, très profonde. Un hongrois m'expliquait hier soir pourquoi, selon lui, la population avait quelques réticences à réagir.
Depuis l'empire Ottomans jusqu'aux soviétiques, en passant par l’Allemagne nazi, les hongrois ont de tout temps été occupés, gouvernés par des peuples étrangers. Aujourd'hui, "c'est un gars du peuple qui est au pouvoir, alors ont lui laisse sa chance. C'est toujours mieux que d'être dirigé par un pays étranger".
Il y a donc une raison Historique à la différence culturelle entre la Hongrie et la France quant à la propension à manifester, se mettre en grève... pour protester face à un gouvernement.
J'ai compris cela bien sur en parlant avec des hongrois, mais aussi grâce au livre dont je vous ai parlé précédemment. D'où l'importance de lire des auteurs étrangers, de lire des littératures nouvelles. Cela peut vraiment nous amener à penser différemment.