Messages : 20 Points : 9587 Date d'inscription : 12/11/2011 Age : 29
Sujet: "Femmes Damnées" de Baudelaire par Saez. Sam 12 Nov - 20:24
Voici une très belle reprise d'un morceau du poème " Femmes damnées" de Baudelaire par Saez !
Avons-nous donc commis une action étrange ? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi Je frissonne de peur quand tu me dis: “Mon ange !” Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée ! Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection, Quand même tu serais une embûche dressée Et le commencement de ma perdition !
Quand même tu serais une embûche dressée Et le commencement de ma perdition !
Maudit soit à jamais le rêveur inutile Qui voulut le premier, dans sa stupidité, S'éprenant d'un problème insoluble et stérile, Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !
Celui qui veut unir dans un accord mystique L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique À ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !
On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! Mais l'enfant, épanchant une immense douleur, Cria soudain : “Je sens s'élargir dans mon être Un abîme béant ; cet abîme est mon coeur!”
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide ! Rien ne rassasiera ce monstre gémissant Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang
Que nos rideaux fermés nous séparent du monde, Et que la lassitude amène le repos ! Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux !”
Descendez, descendez, lamentables victimes, Descendez le chemin de l'enfer éternel ! Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel
Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ; Par les fentes des murs des miasmes fiévreux Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux
“Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ? Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir L'holocauste sacré de tes premières roses Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?
Hippolyte, Ô ma soeur! Tourne donc ton visage, Toi, mon âme et mon tout et ma moitié,
Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles ! Pour un de ces regards charmants, baume divin, Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles, Et je t'endormirai dans un rêve sans fin !