Selon Antonin Artaud, poète, romancier, acteur et théoricien du théâtre français, né en 1886 et décédé en 1958 ; le théâtre en occident est uniquement un « théâtre de la parole ». On peut donc affirmer qu’en effet le théâtre est basé sur la parole puisqu’il s’agit de dialogues entre divers personnages. Mais on tentera donc de démontrer ceci grâce à d’autres caractéristiques aussi importantes dans le théâtre. Dans un premier temps, on développera une thèse permettant de montrer que la parole est indispensable dans le théâtre et puis dans un deuxième temps, on formulera une antithèse démontrant qu’il ne s’agit pas seulement de la parole mais de mises en scène très importantes au théâtre.
D’une part, le théâtre, en occident est un « théâtre de la parole » comme le déplore Antonin Artaud. Tout d’abord, pour lui contrairement au théâtre oriental, le théâtre occidental est basé uniquement sur la parole. De plus, lors de représentations de théâtre ou même d’une lecture d’une œuvre théâtrale, la parole d’un personnage est l’une des principales caractéristiques du théâtre. En effet, elle est fondamentale pour comprendre une œuvre, à savoir le lieu, le moment de l’histoire ou encore les évènements qui s’en suivent, dans les scènes d’exposition par exemple. Une citation de Nicolas Boileau vient donc compléter l’affirmation dictée ci-dessus « Ce que l’œil d’un spectateur ne peut voir, qu’un récit nous l’expose. » On admet donc que c’est par
le récit que l’on comprend certains passages d’une pièce. On peut alors citer comme exemple la scène d’exposition de l’œuvre de Molière, Tartuffe : « Allons Flipote, allons ; que d’eux je me délivre » (…) dans l’acte I, scène 1. Elle montre une scène d’une grande virtuosité, en effet dû au nombre de personnages qui entrent sur scène et qui parlent tour à tour et notamment avec la sortie de Madame Pernelle. On peut contraster l’exemple ci-dessus avec l’œuvre Dom Juan, de Molière, avec un éloge paradoxal qui éveille la curiosité chez le lecteur : «Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac (…) ». On peut donc conclure que c’est grâce à la parole que l’on comprend une œuvre, précisément à partir de la scène d’exposition.
Mais la parole n’est pas seulement fondamentale, elle peut également s’exposer sous plusieurs formes à travers une pièce. Tout d’abord, il est vrai que l’essence du théâtre est la parole puisque sans elle une pièce de théâtre ne peut point exister. De plus, on remarque que celle-ci est une suite de paroles qui forment généralement un dialogue direct ou indirect entre les personnages. Par ailleurs, c’est donc pour cela que l’on retrouve autant de formes de parole : comme le dialogue (paroles entre deux personnages), le monologue (paroles auto adressées à haute voix par un personnage), une tirade... On peut donc citer par exemple, une tirade de Jean Racine, dans son œuvre Phèdre : « Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée (…) » dans l’acte II, scène 5. On peut y rajouter l’exemple du monologue d’Hermione, dans Andromaque de Racine : Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ? (…) dans l’acte V, scène 1. Ces différents dialogues permettent de montrer qu’ils sont de différentes formes avec chacun une place et une signification bien précise dans la pièce. On peut donc conclure que c’est à travers différentes formes de paroles que différents messages sont transmis aux spectateurs ou aux lecteurs.
Le théâtre ne repose pas uniquement sur la parole, il repose également sur la mise en scène permettant ainsi de ne pas le qualifier de « théâtre de la parole. » On va donc pouvoir affirmer ceci grâce à ce qu’il s’en suit.
D’autre part, le théâtre n’est pas uniquement « un théâtre de la parole » comme le dénonce Antonin Artaud. Tout d’abord, il ne faut pas seulement prendre en compte la prise de parole des personnages mais plutôt prendre en compte toute la structure de la scène. De plus, Antonin Artaud affirme donc que ce n’est pas le texte, (la prise de parole) qui fait le théâtre mais plutôt la mise en scène qui est le véritable fondement de celui-ci. Par ailleurs, selon lui, la mise en scène est basée sur l’éclairage, les costumes, le décor qui sont très importants pour ne pas assister à du théâtre «monotone» c'est-à-dire afin de ne pas entendre juste les personnages réciter leurs répliques sans avoir un contexte autour d’eux, cela donc donne vie la pièce… D’après ceci on peut ajouter une citation de Molière « Le théâtre n'est fait que pour être vu ». Pour le théâtre oriental, celui-ci est différent de chez nous, les occidentaux. Il est basé essentiellement sur le langage des signes plutôt qu’à la parole, c'est-à-dire comme un langage codé. Ce théâtre là, fait passer des idées à travers des objets, cela est donc très original car cela fait revoir la notion du théâtre. On peut citer par exemple, « un oiseau avec un œil fermé est la représentation de la nuit » chez le théâtre oriental. On peut citer comme exemple, la mise en scène de la pièce Nono, avec Julie Depardieu, une œuvre de Sacha Guitry. Elle permet de montrer le décor plutôt majestueux, bourgeois dans lequel les acteurs jouent. On peut également citer la mise en scène de la pièce l’Arlequin sauvage, une œuvre de Louis François Delisle de la Drevetière. On remarque que pour donner vie au théâtre, les personnages sont en costume, notamment le personnage principal en Arlequin. On peut donc conclure que la mise en scène est importante pour donner vie à une pièce sans obligatoirement passer par la parole.
Mais il ne s’agit pas seulement de la mise en scène comme citée ci-dessus pour ne pas qualifier le théâtre de « théâtre de la parole». Tout d’abord il s’agit également de la mise en scène théâtrale des personnages. De plus il ne s’agit pas là de la prise de parole mais plutôt de la façon dont les acteurs jouent leurs personnages. En effet, la représentation artistique des acteurs est très importante, car elle permet de comprendre l’histoire racontée à travers des sentiments, des émotions ou encore lors de conflits entre les personnages sans avoir besoin de passer par la parole. On peut citer alors un extrait de l’œuvre de Samuel Beckett, Oh ! Les beaux jours faisant de longues didascalies : « Salut, sainte lumière. (Un temps. Elle ferme les yeux. Sonnerie perçante. Elle ouvre les yeux aussitôt. La sonnerie s'arrête. Elle regarde devant elle. Sourire. Un temps. Fin du sourire. Un temps.) » On peut rajouter à cela un extrait de l’œuvre de Corneille, Horace, faisant également des didascalies : (Camille, blessée derrière le théâtre) « Ah ! Traitre !». Donc on remarque bien que dans ces extraits, il y a des actions à faire sans avoir pris la parole ou des actions à faire entre deux paroles mais aussi grâce a ces didascalies qui permettent de comprendre la suite des évènements entre les personnages sans passer par la parole.
On peut donc en conclure que le théâtre est et n’est pas seulement « un théâtre de la parole » puisqu’en effet il réunit 3 principales caractéristiques. Tout d’abord, d’une mise en scène à travers les décors, les éclairages, les costumes… Mais aussi d’une mise en scène au niveau des personnages, dans la façon de jouer, d’évoquer certains sentiments ou émotions grâce à certains gestes. A savoir que le théâtre repose aussi sur la parole ; Il convient donc que le théâtre reposent sur la parole et les 2 différentes mise scène et que sans l’une ou l’autre le théâtre ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.