Aloxe-Corton

Culture contemporaine, ça oui, je valide. Après, j'ai un peu fouillé pour trouver une sous catégorie qui pourrait correspondre à mon sujet, le plus proche étant spectacle !
Je voudrais vous parler de mon petit weekend touristique en Bourgogne... En fait surtout de ma virée super sympathique dans le petit village que vous connaissez peut-être (personnellement j'y ai fait un tour uniquement parce qu'un patient m'en avait parlé et que le nom était trop bien), Aloxe-Corton. Tout petit, au milieu des vignobles et abrité par-ci par-là de tuiles vernissées (semblables à celles des hospices de Beaune que j'avais visités quelques heures auparavant, alors je peux me permettre de faire la maligne), des pancartes de vignerons et de domaines à chaque coin de minuscules rues, ce village m'était un peu familier, ce qui était plutôt réconfortant en cette journée glaciale. Il faisait grand beau et le soir n'allait pas tarder à tomber, alors j'ai garé ma fidèle voiture à la sortie du village affleurant les vignes. Nous avons admiré un moment l'étendue des vignes à nos pieds à la lumière rousse du soleil, puis avons opté pour la visite d'un des domaines d'Aloxe-Corton. La maison était belle. Une stalagmite (oui mite ! qui monte ! c'est rare !!!) était en formation sous la gouttière, et ça nous a fait rire. Les deux chiens du domaine nous ont fait la fête. Nous sommes entrées dans une salle chaleureuse fermée par des murs de bouteilles de vin et un jeune homme nous a proposé de déguster 3 vins de notre choix. Parce qu'on était plutôt cool, on a eu même eu le droit d'en goûter un 4eme, grand cru millésimé. Oui messieurs/dames, il y a une vie après (avant ?) le champagne
Et parce que nous ne gaspillons pas, la proposition de visite du domaine viticole et de la cave fut la bienvenue afin de ne pas reprendre le volant trop vite ! Et au soleil maintenant couchant, la courte promenade (froidfroidfroidfroid) fut très agréable. Et la petite cave magnifique.
J'ai appris un peu plus tard que ce petit village d'Aloxe-Corton était connu et assez réputé des amateurs de bon vin, quel délice fortuit d'y avoir fait un tour...

Un voyages aux allures romanesques apparemment, non ?
Et sinon, c'est honteux d'inciter les jeunes à boire de l'alcool ! (Ils le font très bien tout seul )

"Délice fortuit d'y avoir fait un détour", dit-elle...

Je la reconnais bien là, ma nièce improbable...ma nièce en liesse, proustienne jusques et y compris là!....où l'on ne l'attend pas...
Sur la banquette arrière de sa voiture...Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 3ème partie, Noms de pays.....Comment voyager sans?....dit-elle...( Quand je vois la banquette arrière de sa voiture transformée en bibliothèque idéale...moi qui ne transporte qu'une trentaine de livres choisis...je suis jaloux!...elle est comme cela, ma nièce!...)

Admirables pages de Marcel déployant des rêveries singulières et versicolores...sur des noms de lieux, de villages....
Admirable page de ma nièce, du "spectacle" que, proustienne, sans le savoir pleinement, elle nous donne en cadeau...à déguster sans modération....
Elle est, elle sera, vivante, cela me comble de bonheur!...plus que je ne peux dire...
Prendre la route..pour un nom, pour ce qu'il nous promet, pour ce que nous lui prêtons....
Il faudrait dire, alors, les plaisirs de l'approche, la montée du désir tout au long d'un trajet dépliant des pages engageantes...la cartographie, enchantée, que nous inventons à l'approche d'un virage...
Effets de réel parfois douloureux, certes, mais si souvent délicieux..
Lire le paysage jusqu'à cet excipit par nous seuls fixé...puis errer dans un nom, avec la jouissance singulière et gourmande que nos pas prononcent, articulent, à voix haute pour nous seuls, au détour de la moindre ruelle, et de celle, conduisant, brusquement, aux limtes de ce nom que le paysage vient clore...
L'âme et l'ancolie des soleils touchants...toujours,pour nous seuls, orientant nos pas....
Le nom, ce nom, ancré, pour nous, par nous, jusqu'aux dernières lueurs, déhiscentes, du soir, dessinant l'ultime géographie de notre aventure... langagière....
Il faudrait parler, alors, de la douleur joyeuse du départ..de l'appréhension d'un retour dans un monde, trivial, presque barbare, à nos yeux...du report, que nous savons perdu, mais auquel nous nous nous accrochons comme à la peluche de notre enfance...
Quitter un nom, quitter un lieu, qui n'existera désormais que pour nous, et dont l'image chaleureuse, enchante les instants, épais et puissants, de notre retour....flamboyant.
Quitter un nom, quitter un lieu, mais un être, aussi, qui, singulier, nous l'a donné, parfois, à désirer...