J'ai attendu quelques jours avant d'écrire un article sur les évènements qui se sont déroulés ce samedi à Budapest, pour ne pas, dans la précipitation, vous donner de fausses informations et laisser trop de place aux rumeurs.
Il semblerais que certains médias français ont couvert la manifestation pro gouvernementale qui s'est donc déroulée samedi en fin d'après midi dans les rues de Budapest.
Ici, les chiffres les plus sérieux (la presse écrite, qui est la seule dont l'autonomie est encore plus ou moins d'actualité) mentionnent 100 000 personnes, contre 400 000 selon le gouvernement.
C'est donc bien le monde à l'envers. Une manifestation de soutien, et des chiffres officiels quatre fois supérieurs à ceux des médias.
Mais fermons cette parenthèse. Je ne peux vous apporter plus d'informations que ce que vous trouverez dans les médias français. En revanche, je peux vous parler de ce que les hongrois avec qui j'ai discuté en disent.
D'une part, il est à noté que, bien que cette manifestation semble avoir rassemblé plus de monde que la précédente, contre la constitution, je n'ai pour ma part rencontré encore personne déclarant soutenir Viktor Orban... L'ensemble des personnes avec qui j'en discutent sont pour le moins inquiets de la situation.
D'autre part, ce qui m'a le plus marqué est d'apprendre que ce type de manifestation est une première, oui, mais depuis 20 ans. Ce n'est donc pas si improbable... En réalité, ce type de manifestation de soutien étaient régulières au temps de l'occupation soviétique, et même, selon ce que l'on m'a dit, obligatoires.
Il me semble que cela permet de comprendre plus aisément comment les hongrois peuvent avoir des difficultés à manifester pour témoigner de leur indignation, mais le font beaucoup plus facilement pour montrer leur soutien.
Et ça en dit long sur le nouveau visage du gouvernement hongrois.
Ce ne sont que des supputations, mais nous pouvons aisément imaginer là une démonstration de force,, orchestrée par le pouvoir en place, visant d'une part à intimider les opposants internes, mais aussi l'Union Européenne.
Les messages portés par les manifestants étaient principalement destinés à l'Union Européenne, dont ils refusent l'intervention. C'est davantage, pour ces personnes, un refus de l'intervention d'une force extérieure qu'un soutien réel aux choix politiques. N'oublions pas que les hongrois ne sont gouvernés par des représentants de leur propre nation que depuis 20 ans et qu'ils y sont très attachés (idée que je développe davantage dans un article précédent : Libérés par l'envahisseur).
C'est un réel message politique qui a été envoyé. Soyons maintenant attentif aux réactions de l'opposition et de l'Union Européenne.
La prochaine manifestation contre la constitution devra avoir lieu le 15 mars 2012.
L'UE, quant à elle, semble uniquement chercher à faire pression par le biais économique (la Hongrie est, comme beaucoup, en grandes difficultés économiques, et a fait une demande d'aide financière auprès du FMI).
Mais le printemps et ses bourgeons arrivent, eux qui ont vu germer tant de révolutions...