Mélanie
Messages : 17 Points : 9174 Date d'inscription : 11/11/2011 Age : 29
| Sujet: Arthur Rimbaud (1854-1891) Lun 14 Nov - 19:19 | |
| « La morale est la faiblesse de la cervelle. » de Arthur Rimbaud ; Extrait d’ Une saison en enfer
« Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser. » de Arthur Rimbaud
« Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. » de Arthur Rimbaud
"Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme." de Arthur Rimbaud
| |
|
xavierridon
Messages : 72 Points : 9154 Date d'inscription : 11/12/2011
| Sujet: Re: Arthur Rimbaud (1854-1891) Dim 11 Déc - 15:44 | |
| Je remercie mon divin ancien enseignant, Patrick Redelberg, de m'avoir parlé de ce bien beau forum. J'étais l'un de ses élèves avant la guerre de 1870. Depuis bien des choses ont changé, sauf son amour pour la poésie. Bref, tout ça pour partager un poème que je ne sais où poster. C'est assez séduisant de se dire que certains poèmes seront mieux retenus simplement car il concerne un de nos amours/amitiés/anecdotes. Ici le seul lien qui m'a amené à ce récit est une amie qui porte ce prénom d'Ophélie. Le destin tragique que décrit Rimbaud n'a rien à y voir mais la beauté de la composition du poème et de la personne restent bien similaires. I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... - On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir
Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : - Un chant mystérieux tombe des astres d'or
II
O pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits, Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu : Tes grandes visions étranglaient ta parole - Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Arthur Rimbaud | |
|