Voici un des aspects que l'on pouvait développer sur le thème du conflit, bonne lecture et n'hésitez pas à la compléter.
Analysons tout d’abord le conflit entre les personnages dans cette extrait de la pièce Le Roi se meurt.
En premier lieu, Marguerite est l’accusatrice. Dès la première ligne, l’expression « C’est ta faute » avec l’emploi du mot « faute » montre la culpabilité indéniable du Roi. Par la suite nous avons « tu aurais dû » qui est au départ un conseil avec l’emploi du conditionnel mais elle le dit ici sur le ton de la reproche. De plus, elle va, à chaque défense du roi, faire une rupture pour le dévaloriser comme le montre la présence des « jamais » (l.6) et du « trop » (l.7). La défense ne peut se faire à cause de ces termes qui clôturent le débat. Elle va aussi le rabaisser en comparant ses travaux d’Hercule à du bricolage. Mais c’est surtout la dernière réplique de Marguerite à l’impératif « Tu passeras l’examen » qui accentue la fatalité du Roi à l’égard de son destin. Renforcé d’autant plus par la négation « il n’y a pas de redoublants. » (l.43). Elle a donc les premières et les dernières paroles de la scène ce qui montre sans aucun doute qu’elle domine l’assistance.
Or, un Roi est présent dans cette pièce et il est proche de la mort. Marguerite ne respecte donc pas la hiérarchie habituelle. Le Roi va donc essayer de se défendre tant bien que mal en utilisant la nostalgie comme aux lignes 13 et 15 avec l’utilisation de termes d’intensités comme « plein de vie » ou « si [jeune] ». Mais il utilise aussi le regret et le désespoir montrer dans l’utilisation de l’onomatopée « Ah ! » à la ligne 19 ou encore vers la fin avec une question oratoire, « Dans quelle état suis-je ? » (l.38). Il va cependant le plus se défendre par des comparaisons « comme un écolier » (l.32) et « Comme un orateur qu’on pousse à la tribune » (l.36). Les deux pourtant ne le mettent pas en valeur ; la première le fait régresser dans son rang social mais aussi et surtout dans son âge, il s’infantilise. La seconde, elle, est surtout péjorative par le verbe d’action « pousse ». Il dit presque que c’est une marionnette qui n’a pas choisie d’avoir les responsabilités qu’il porte sur ces épaules. Ionesco en faisant parler ainsi le Roi bouleverse notre image classique d’un héros fier et courageux.
Cependant, les personnages secondaires vont eux aussi prendre partit du côté de Marguerite par différents moyens. Le médecin, tout d’abord, ne tient pas des propos médicaux. Il va, d’une part, comme Marguerite remettre le Roi au rang d’une personne insignifiante avec l’emploi de l’expression péjorative « comme n’importe qui » à la ligne 10.. D’autre part, avoir le rôle d’un bourreau, tout du moins un juge. Comme le montre l’emploi du « On » et du « donne » dans « On lui donne une heure » (l.25), qui prouve que cette mort ne peut-être naturelle et que c’est le médecin qui est en partit ou totalement responsable. D’ailleurs, il faut savoir qu’au départ, Eugène Ionesco avait appelé le médecin le bourreau comme il le révèle dans son Journal en miette. Un autre personnage va aussi accuser le Roi, c’est Juliette, qui, d’une façon totalement ironique dit « Pauvre Majesté, pauvre Sire ». Le terme « pauvre » est utilisé pour sa fonction dévalorisante. Elle fait semblant d’être accablé par la nouvelle.
On a donc vu ici que le conflit entre les personnages était très inégal. Le roi est seul contre tous, on éprouve donc de la compassion pour lui car il est sur le point de mourir.